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L'impact de la neuroéducation sur l'apprentissage

Un dessin représentant un cerveau et de nombreuses flèches partant dans tous le sens.

La recherche expérimentale développée ces dernières décennies nous donne aujourd’hui accès à de nombreuses informations sur la manière dont le cerveau humain apprend et réalise les étapes nécessaires au stockage des informations à long terme. Les résultats de ces recherches sont à prendre en considération pour améliorer les performances de tout dispositif de formation, y compris la formation digitalisée.

Les neurosciences cognitives désignent un domaine d’étude qui s’intéresse aux mécanismes cérébraux qui s’activent lorsque la pensée humaine est amenée à réaliser différentes actions : percevoir, prêter attention, mémoriser, raisonner, produire des mouvements et s’exprimer. La neuroéducation (aussi appelée neurosciences cognitives de l’éducation) est une sous-discipline des neurosciences cognitives qui croise les connaissances portées par ces dernières et les processus psychologiques à l’œuvre quand un individu se trouve en situation d’apprentissage. Cet éclairage est incontournable.

En effet, mieux comprendre les processus aboutissant à un apprentissage permet de concevoir des dispositifs de formation efficaces car respectueux du fonctionnement cognitif des apprenants.

La reconnaissance officielle de la neuroéducation est assez récente. Elle peut être datée de 2007 lorsque l’OCDE publie un rapport soulignant l’intérêt de rapprocher les neurosciences cognitives et les méthodes éducatives : « Après vingt ans d’un travail de pointe en neurosciences, la communauté éducative prend conscience du fait que « comprendre le cerveau » peut indiquer de nouvelles voies de recherche et améliorer politiques et pratiques éducatives[1] ».

Pour qu’une formation soit qualitative, il faut que le contenu qu’elle présente le soit, bien évidemment. Mais cette seule préoccupation ne saurait suffire. La montée en compétences produite par un dispositif d’apprentissage est avant tout déterminée par la capacité des apprenants à assimiler le contenu proposé pour le transformer en savoir, savoir-être et savoir-faire exploitables en situation de travail. Apprendre ce n’est donc pas recevoir mais transformer, ce qui nécessite de l’implication et donc de la motivation.

Ainsi la question du sens et de l’utilité pour l’apprenant est essentielle.

De nombreux auteurs, tels R. Viau, M. Knolwes, A. Bandura, E. Deci et R. Ryan, se sont intéressés aux déterminants de la motivation. Leurs propos concordent sur le fait que, pour qu’un apprenant soit motivé, il doit considérer que l’apprentissage proposé réunit trois conditions :

La perception d’autonomie

L’apprentissage doit offrir des choix, rendre l’apprenant acteur dans sa manière d’aborder les contenus de formation et cet aspect répond à un besoin important en andragogie. En effet, les adultes ont acquis une expérience qui leur donne une certaine assurance et un sentiment de compétence. Ils souhaitent être considérés comme des personnes responsables et capables de prendre leurs propres décisions. Le sentiment d’être autonome a un effet bénéfique sur la performance et la persévérance.

Par conséquent, le contrôle et les incitations extrinsèques ont peu d’impact sur la motivation des adultes à se former.

Il est important de reconnaître que la nature humaine est naturellement tournée vers la curiosité et l’action. C’est ainsi que, dès la petite enfance, les individus entrent dans les apprentissages et cette appétence innée ne s’étiole pas avec le temps. Les dispositifs de formation doivent donc être conçus pour répondre à cette caractéristique.

Le e-learning répond parfaitement à cette attente puisqu’il permet à l’apprenant d’accéder au contenu de formation quand il veut, où il veut et à partir de n’importe quel écran. De plus, l’apprenant va avancer à son rythme et selon ses besoins.

Dès lors, il convient d’éviter les modules linéaires afin de permettre à l’apprenant de découvrir le contenu dans l’ordre de son choix et d’y revenir librement.

Par exemple, un quiz peut être proposé, au choix de l’apprenant, comme une activité introductive afin de réaliser un état des lieux de ses connaissances initiales sur le sujet ou comme un pré-test formatif afin de s’entrainer avant un quiz sommatif.

La perception de maîtrise

Pour s’engager et persévérer dans son apprentissage, l’apprenant a besoin de se sentir compétent, de constater ses progrès et de percevoir le dispositif de formation comme un cadre conçu pour l’aider et non le sanctionner.  

En lien avec ce besoin, un module e-learning peut se conclure par un écran qui fait le point sur les nouvelles acquisitions pour confirmer à l’apprenant que le travail qu’il vient de réaliser est porteur de sens et que cela l’aide à se professionnaliser.

De plus, le concepteur pédagogique veille à ne proposer aux apprenants que des tâches à réaliser portant sur des éléments traités par le module et formule clairement les consignes pour ne pas créer de pièges liés à la compréhension ou à l’ambiguïté d’une formulation.

À l’issue de la complétion de la tâche, le feedback est formulé d’une manière différente de celle utilisée dans la présentation du contenu afin de varier la manière de transmettre la connaissance, certaines formulations pouvant être plus compréhensibles que d’autres pour les apprenants.

Pour favoriser la perception de maîtrise, le feedback proposé doit être bienveillant.

Pour cela :

  • Il souligne tout ce qui est réussi,
  • Il apporte les informations nécessaires pour remédier aux erreurs,
  • Il encourage les efforts et la persévérance,
  • Il donne le droit à l’erreur et favorise un état d’esprit dynamique
 

En effet, cultiver un état d’esprit dynamique est important lors d’une formation.

Steve Masson[2] définit celui-ci comme le fait de croire qu’il est possible de s’améliorer et l’oppose à l’état d’esprit fixe où l’apprenant considère que la réussite découle de caractéristiques intrinsèques sur lesquelles il n’a pas de contrôle.

Avec un état d’esprit dynamique, l’apprenant prête plus attention à ses erreurs et est prêt à engager les efforts nécessaires pour y remédier car il est convaincu qu’il lui est possible de progresser. Cette attitude positive face à l’apprentissage va accroître les réussites et confirmer à l’apprenant qu’il est capable de progresser. Il se forme alors une boucle positive qui, au niveau cérébral, se traduit par une meilleure connectivité entre le système de récompense et les mécanismes de correction d’erreur.

Par des choix pédagogiques pertinents, il est possible de favoriser la réussite des apprenants et de leur proposer des exercices et des tests d’une juste difficulté : à la fois suffisamment difficiles pour qu’ils fassent l’effort de mobiliser leurs acquis et de renforcer les connexions neuronales qui en sont à l’origine mais aussi suffisamment accessibles pour qu’ils soient fréquemment en situation de réussite. Ce second aspect est important car le succès permet au cerveau de produire de la dopamine, un neurotransmetteur qui a des effets positifs sur l’attention, le plaisir, la motivation, la mémoire et la cognition. La tâche doit donc représenter un défi réalisable.

Grâce au digital learning, il est aisé de soutenir le sentiment de maîtrise en proposant des parcours de remédiation en cas de difficulté mais également des ressources pour aller plus loin afin de d’adapter le dispositif de formation au niveau initial, au rythme d’apprentissage et aux attentes individuelles.

Proposer des études de cas ou des mises en situation professionnelle répond également au besoin de l’apprenant de se sentir compétent. En participant à une formation, il doit pouvoir tisser des liens entre son quotidien professionnel, ce qu’il maîtrise déjà plus ou moins consciemment et le contenu de la formation. Cela va lui permettre d’identifier ce que la formation renforce, confirme ou infirme mais aussi les nouvelles idées qu’elle lui donne et qui vont l’aider à améliorer ses pratiques professionnelles.

La perception de valeur

La finalité de l’apprentissage doit être considérée par l’apprenant comme intéressante, utile et, pour y contribuer, le recours aux activités signifiantes et authentiques est à privilégier.

Par conséquent, dans une formation en e-learning, il est utile de faire débuter chaque module par une identification des objectifs d’apprentissage. Plusieurs études ont démontré que le fait de transmettre aux apprenants les objectifs pédagogiques, c’est-à-dire de les aider à repérer ce qui est attendu d’eux par l’étude du contenu du module, réduit de manière significative le temps nécessaire à l’apprentissage[3].

Lorsqu’une formation est choisie par l’apprenant et même réclamée par ce dernier, cela n’engendre pas automatiquement un réel engagement et une motivation pérenne. L’intention de se former ne saurait suffire, le dispositif de formation doit constamment nourrir l’envie de réaliser les efforts cognitifs nécessaires à un réel apprentissage. Pour y parvenir, l’ingénierie pédagogique doit constamment s’attacher à réunir ces trois déterminants de la motivation pour favoriser l’engagement cognitif des apprenants et leur persévérance.

Ainsi, la neuroéducation est un domaine fascinant qui explore le fonctionnement complexe du cerveau humain en situation d’apprentissage pour proposer des stratégies fondées sur des preuves scientifiques afin d’améliorer l’efficience des formations.

En explorant l’intersection des neurosciences, de la psychologie et de l’éducation, elle apporte un éclairage pragmatique pour mieux accompagner les apprenants.

 

[1] Pour consulter ce rapport de l’OCDE : https://www.oecd.org/fr/sites/learninginthe21stcenturyresearchinnovationandpolicyapprendreauxxiesieclerechercheinnovationetpolitiques/40583325.pdf

[2] Steve MASSON est professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur du Laboratoire de recherche en neuroéducation (LRN).

[3] Voir notamment Tourneur, Y. Les effets sur l’apprentissage de la communication des objectifs. Mesure et évaluation en éducation (pp.17-27).1989.

A propos de l’auteure de cet article :

Anne-Eva Lebourdais est ingénieure de formation et ingénieure pédagogique spécialisée en digital learning et neuroéducation. Passionnée d’innovation pédagogique et de neuroéducation, elle est titulaire d’un Master en Sciences de l’Éducation et d’un certificat de spécialisation en neuroéducation.

Après l’obtention d’un diplôme d’État en travail social et plus de 15 années d’expérience en tant que formatrice, auteure de nombreux ouvrages édités chez Elsevier Masson, coordinatrice pédagogique puis digital learning manager, elle a cofondé Apprenance Digital pour accompagner les organismes de formation et les entreprises à créer des expériences d’apprentissage innovantes et réellement adaptées aux besoins des apprenants.

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